Prendre le temps de l’enfance
Les écrans et leurs innombrables applications s’imposent dans notre quotidien que nous soyons adultes ou enfants. Ils sont souvent une solution évidente et immédiate face aux tâches journalières.
La Ville de Genève souhaite soutenir les parents surchargés par les contraintes professionnelles et leur vie familiale en leur proposant des alternatives pour occuper leurs enfants. Imaginer des activités sans écran permet en effet de découvrir ou de redécouvrir des jeux, de revisiter sa ville et d’enrichir les relations familiales.
D’innombrables animations ludiques, ponctuelles ou pérennes, sont mises en place pour les enfants et les familles, qui transforment les rues, les places et les parcs genevois en de véritables terrains de jeux. En organisant ces activités, de nombreux services municipaux s’engagent à favoriser l’égalité d’accès pour tous les enfants et à leur ouvrir le champ des possibles. J’adresse mes chaleureux remerciements aux partenaires publics et associatifs – sportifs, culturels, en lien avec la nature – qui participent à cet effort commun.
Multiplier les occupations sans écran, c’est ralentir le rythme frénétique de nos vies en prenant du temps pour partager avec nos enfants, pour s’émerveiller devant les plaisirs simples et ainsi retrouver le temps de l’enfance.
Des activités pour aider les enfants à grandir
Les effets bénéfiques d’activités partagées ou solitaires dans la vie quotidienne des enfants, hors temps scolaire, sont largement documentés par de nombreuses recherches scientifiques. Bien entendu, ces activités sont intimement liées et leurs combinaisons infinies.
Quatre types activités (Gentaz, 2024) sont proposées comme des alternatives aux écrans, à savoir :
- lire (de la lecture partagée à la lecture autonome),
- bouger (activités physiques et sportives),
- bricoler (activités manuelles ; dessiner, cuisiner, jardiner etc.),
- jouer sous toutes ces formes.
Dans cette perspective, des familles peuvent tester un défi simple et adapté à l’âge de leurs enfants. « Ce dimanche, nous remplaçons 30 minutes d’écran par 30 minutes d’activité de bricolage ». Le résultat vous surprendra !
Les adultes (parents, grands-parents, etc.) ont en effet un rôle essentiel dans la place et la nature des activités proposées aux enfants. Dans le cadre de ces activités, l’adulte peut intervenir de quatre manières différentes (Gentaz, 2022, 2023).
La première est le « Faire Faire » : l’adulte pilote l’activité, donne les règles et les consignes et arbitre l’activité. Le second type d’intervention est le « Faire Avec » : l’adulte a le même statut que l’enfant dans l’activité. Le troisième type est le « Donner à Faire » : l’adulte se met en retrait durant l’activité après avoir préparé l’ensemble du matériel mis à disposition en toute sécurité. Il prépare des ateliers, des espaces. Ensuite il ne pilote plus l’activité. L’enfant est seul et se débrouille. Le quatrième type d’intervention est le « Laisser Faire » : l’adulte n’intervient pas, excepté pour garantir la sécurité de l’enfant.
En fonction de l’âge de l’enfant, de son développement et du contexte, le dosage de chaque catégorie d’intervention change et évolue avec le temps et l’expérience de l’adulte. Il représente le « marqueur » du style éducatif des adultes, de leur conception de l’enfant et de leur capacité à le laisser voler de ses propres ailes.
Références
Gentaz, É. (2022). La santé mentale des enfants en Suisse – Chapitre 8. Promotion de la santé pour et avec les enfants – Résultats scientifiques et recommandations pour la pratique. Rapport 8. Promotion Santé Suisse.
Gentaz, É. (2023). Éditorial – Redécouvrir l’intelligence de la main et les effets bénéfiques des activités manuelles sur les apprentissages et le développement neurocognitif des enfants. A.N.A.E., 182, 9-11.
Gentaz, É. (2024). Éditorial – Comment accompagner les parents à mieux réguler les usages des écrans récréatifs et réseaux sociaux de leurs enfants ? La méthode de Genève des 4 défis familiaux. A.N.A.E., 188, 9-12.
